Équipe artistique
Stéphanie Pothier : voix, piano préparé, co-conception vidéo, direction artistique et générale
Rosalie Asselin : piano
Julien-Robert : composition musicale, conception vidéo, direction technique
Anne-Sara Gendron : scénographie et conception d'éclairages
Programme musical
Gabriel Fauré (1845-1924) : La fleur qui va sur l'eau
Gabriel Fauré : Les berceaux
Franz Liszt (1811-1886) : Nuages gris
Rhené Jaque (1918-1955) : Voix du Golfe
Claude Debussy 1884-1918) : Brouillards
*Julien-Robert (1983-) : Confluents, oeuvre en quatre mouvement pour voix, piano préparé et traitement électronique en direct, 1 - Nuages, pour voix et traitement
életronique
Claude Debussy : Jardins sous la pluie
*Julien-Robert : Confluents, oeuvre en quatre mouvement pour voix, piano préparé et traitement électronique en direct, 2 - Tempête, pour
piano préparé et voix et traitement électronique
Maurice Ravel (1875-1937) : Les grands vents venus d'outremer
*Julien-Robert : Confluents, oeuvre en quatre mouvement pour voix, piano préparé et traitement électronique en direct, 3 - Mer
déferlante, pour piano et traitement électronique
Hector Berlioz (1824-1867) : Mort d'Ophélie
Lily Boulanger (1893-1918): Reflets
*Julien-Robert : Confluents, oeuvre en quatre mouvement pour voix, piano préparé et traitement électronique en direct, 4 - Fonds
marins, pour piano préparé à quatre mains et traitement électronique
* oeuvre en première mondiale
De l'origine du projet - notes de création
Je suis née dans une petite ville riveraine, un endroit où beaucoup de gens viennent profiter d’un beau grand lac. Le lac m’apparaissait pourtant comme un espace limité, un espace fermé dont on fait le tour avant de retourner chez soi. C’était une eau calme et tranquille, un peu trop stagnante et somnolente pour une fille qui rêvait de s’évader et de baigner dans l’effervescence…
J’ai quitté ma petite ville à 16 ans pour étudier dans la grande ville. Dès ma première traversée du pont, le large fleuve et son débit vif m’appelaient comme une porte ouverte sur un voyage sans limite, sans destination fixe, comme une liberté étourdissante qui pouvait aller loin, loin... C’est du clocher de Notre-Dame-du-Bon-Secours que j’aimais observer ses eaux qui roulaient sans relâche. Le fleuve était un symbole de tous les possibles, la clé de tous les départs, les risques de ses remous aussi…
Lors d’un été assombri par une déception amoureuse, j’échoue chez mes parents, dans la ville au lac tranquille. Pour me tirer de mes humeurs noires, ma cousine me propose de remonter le fleuve avec elle. Nous voilà donc toutes deux engagées sur ce qui sera mon premier tour de la péninsule gaspésienne. Un coup de foudre à faire oublier toutes les peines d’amour. L’eau. Le fleuve. La mer. Forillon. Le frette du mois d’août qui surprend le fond des poumons. Les feux de camp sur des roches millénaires. Le souffle des baleines la nuit. Les fossiles qui tombent du Rocher. La liberté vertigineuse jusqu’à l’horizon du Bout du monde et plus loin encore. L’impression d’appartenir au temps, depuis toujours et pour l’éternité.
Depuis, j’ai souvent remonté le fleuve tant au nord qu’au sud, je me suis arrêtée à toutes ses latitudes et sur ses nombreuses îles. À chaque fois, je me retrouve là où j’atteins quelque chose de moi-même qui ne se révèle que lorsque mes pieds touchent l’eau vive.
Puis arrive l’éteignoir de joie, l’étouffoir de vitalité. Épuisée par les quinze premiers mois du cauchemar pandémique, je décide de m’abreuver au fleuve pour retrouver ma force vive. Je pars, seule, vers ma Gaspésie d’amour, avec ma caméra et un micro. Une lune de miel, en plein confinement des régions, les plages désertes de mai ne permettant de croiser que les Gaspésiens, leurs chiens et les pêcheurs lançant leurs cages depuis les homardiers.
J’ai ramené des images et des sons de ce périple vivifiant. Mon complice de création m’a accompagnée du début à la fin dans cette exploration de l’eau : il m’a composé des eaux sonores en quatre tableaux, des terrains de jeux d’eau sur lesquels nous avons joué avec mes images.
Nous avons un peu déconstruit le fleuve, nous avons jonglé avec ses attributs, fait tourbillonner ses écumes, ses vagues, ses ressacs, sa fine flore, ses évaporations nuageuses. Nous avons aussi voulu montrer la tempête que nos actions y déclenchent, menaçant son équilibre.
Il est étourdissant de penser que chaque goutte d’eau que l’on touche est là depuis des millénaires. Quand on s’arrête pour s’y reconnecter vraiment, nous ne pouvons que ressentir un ancrage puissant et intemporel avec le vivant.
Je ne suis pas née près du fleuve : mes racines territoriales ne s’y sont pas abreuvées. Je m’y suis transplantée sans même en être consciente : bouturée, mes racines ont poussé dans cette eau, elles y ont puisé des sédiments qui se sont déposés en couches successives sur mon limon d’artiste et de femme. C’est maintenant à ce territoire que je m’abreuve. Je suis née de ces eaux.
Stéphanie Pothier
Les artistes - notes biographiques
Stéphanie Pothier, mezzo-soprano et artiste multidiscipinaire
Mezzo-soprano au timbre à la fois sombre et rayonnant, Stéphanie Pothier évolue dans un vaste répertoire lyrique, allant de la musique baroque à vocalises aux créations contemporaines et aux
œuvres romantiques. Stéphanie Pothier allie chant et aisance théâtrale pour donner vie à la musique tant au concert qu’à l’opéra.
Elle est soliste invitée de nombreux ensembles et compagnies : Opéra de Montréal et de Québec, Orchestre Métropolitain, Orchestre symphonique de Montréal, Chants Libres, I Musici, Festival de Lanaudière, Clavecin en concert, Grands Ballets Canadiens… Elle chante sous la direction de chefs réputés, dont Yannick Nézet-Séguin, Lorraine Vaillancourt et Kent Nagano.
Ses engagements récents incluent Parsifal et la Messe no 3 de Bruckner sous la direction de Yannick Nézet-Séguin, la Messe L’Homme Armé de Jenkins au Festival de Lanaudière avec Stephen Layton, la Fantaisie chorale de Beethoven avec l’OSM et Kent Nagano, les Requiem de Verdi, Mozart et Duruflé, Alexander Nevsky de Prokofiev, la Missa Solemnis et la Neuvième Symphonie de Beethoven et la Petite Messe Solennelle de Rossini.
Très active sur la scène de la musique contemporaine, elle crée plusieurs rôles, dont Vera Lynn dans Another Brick in The Wall (Opéra de Montréal), Dalimah dans L’Orangeraie (Chants Libres) et le rôle-titre dans Yourcenar – une île de passions (Opéra de Montréal/Festival d’opéra de Québec/Violons du Roy).
Stimulée par le croisement des disciplines, Stéphanie crée en 2018 le collectif Projet ClairObscur afin de concevoir des récitals multimédias et des vidéos d’art incorporant ses pratiques photographique et lyrique par des propositions multimédias mêlant musique classique et création contemporaine.
Julien-Robert, compositeur et artiste numérique
Julien-Robert est un compositeur et artiste multi-disciplinaire explorant la relation entre son et visuel. Il crée des performances et des installations audio-visuelles alimentées par son parcours et son expérience musicale.
Il a d’abord étudié la composition instrumentale et électroacoustique avant d’élargir son champ artistique à la création vidéo et aux dispositifs interactifs. En créant ses oeuvres, il accorde une grande importance à leur mise-en-scène afin de faire vivre aux spectateurs l’expérience la plus complète et authentique possible. Il travaille actuellement, en collaboration avec Julien Compagne, sur le développement d’une nouvelle forme artistique combinant en un seul objet musique, vidéo et technologie au sein de leur groupe Video Phase.
Rosalie Asselin, pianiste
Artiste d’une grande polyvalence, Rosalie Asselin apporte sa musicalité et son énergie à un grand éventail de projets, de l’opéra à l’orchestre, en passant par le récital et le chant choral. Avec Jeunesses musicales Canada, elle a participé à quatre tournées d’opéra pancanadiennes. Elle a œuvré auprès de l’Orchestre symphonique de Montréal en tant que répétitrice des chœurs sous la direction de chefs tels Kent Nagano, Jacques Lacombe et Andrew Megill. Depuis plusieurs années, elle tient les parties de piano dans l’Orchestre des Grands ballets canadiens. Avec cette formation, elle a été soliste à l’automne 2019 dans L’amant de Lady Chatterley et au printemps 2023 dans la production Requiem (Concerto no 9 de Mozart) et assure, depuis 2019, les répétitions de certaines productions. Elle a joué pour les étudiants en chant de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, en plus d’être chef de chant à l’Atelier lyrique de l’Université de Sherbrooke. Elle est également invitée comme accompagnatrice à l’académie du Domaine Forget depuis 2009. Parallèlement à son implication auprès de ces grandes institutions, Rosalie a pris part en 2017 à la création d’un récital de mélodies de compositeurs québécois salué par la critique, Le bout cassé de tous les chemins, et à Arborescence, la première création de Projet ClairObscur, tous deux en compagnie de la mezzo-soprano Stéphanie Pothier. En 2020, elle a été pianiste pour l’opéra Nelligan au TNM et a participé à l’enregistrement, sous étiquette ATMA, de cette production.
Anne-Sara Gendron, scénographe et conceptrice d'éclairages
Anne-Sara cumule les expériences dans le domaine des arts de la scène. Passionnée par l’espace en tant que lieu de représentation, elle s’intéresse à la conception d’espaces scéniques par le biais de la scénographie et de la conception d’éclairage. Elle travaille également comme directrice technique pour des créations ainsi que des tournées locales et internationales. Intéressée par les arts vivants, particulièrement pour leur rapport au public toujours renouvelé, Anne-Sara s’intéresse autant au théâtre, qu’à la danse, la musique ou la performance.